LES LONGUES DECHIRURES
Une voiture stoppe
Bruit de portières qui claquent
Un' botte écrase un' clope
Dans une flaque
C'est pas du cinéma
Mais une histoire vécue
Une capture d'écran
D'un passé révolu
Pleine lune cette nuit
Entre herbe et bitume
Un petit corps frémit
Les longues déchirures
Les appels au secours
A même le sol humide
Un corps qu'on déshabille
Une pucelle stupide
Pas encor' jeune fille
Mais le coeur en émoi
A gobé les mots doux
Ses yeux noirs distillent
Une mer de larmes
Mais les hommes déjà
Dégainent leurs armes
Les longues déchirures
Les appels au secours
Un foulard sur la bouche
Pour bâillonner les cris
De la gamine farouche
Des bruits de cliquetis
Mais un gros ceinturon
Bien plus persuasif
Qu'aucun autre bâillon
Puis les coups qui fusent
Et la douleur use
Le corps tremblant et chétif
Que l'on immobilise
Les longues déchirures
Les appels au secours
Et le doux cœur éventré
De la vierge écartelée
Hurle dans sa poitrine
Dents assassines
Hommes cannibales
Dans son ventre cognent
Avec virilité
Pour voir le sang couler
Le cou bien enserré
Sans honte et sans vergogne
S'acharn' en saccades
Les longues déchirures
Les appels au secours
Et puis on la retourne
Le visage dans la terre
Continue le calvaire
Comme un champs on laboure
L'intimité entière
Dans le creux de ses reins
La roue de sa vie tourne
Indigne destin
D'une jeunesse violée
Mais les plaies dans le corps
Ne fermeront jamais
Les longues déchirures
Les appels au secours
Les hommes se rajustent
L'un deux allume un' clope
Et là je voulais juste
Que leur délire stoppe
Si m'a vie est épargnée
La chance m'a gâtée
La cigarette finie
Une main l'éteint
Sur mon ventre bleui
Qui même ne frémit
Et le bruit du moteur
Étouffe mon premier cri
C'était une nuit d'hiver
Dans un petit village
Juste un fait divers
Même pas sur une page.
Les longues déchirures
Les longues déchirures....
Lulla Bell - (Christine DOMENGE)