ANATHEME
Je sais que c'est pour bientôt
Pas du hasard pas du loto
Dans quelques mois, dans quelques temps
Trop tôt pour moi j'ai pas le temps
Elle rode autour de moi
Je lui crache au visage
Mais elle n'a pas d'âge
Juste une carcasse
Un nom en noir
La Mort
Elle nous enlève ce qu'on a de meilleur
elle se fout de l'âge, elle se fout de l'heure
Déjà à la naissance elle nous étreint
Du tranchant de sa faux dans la main
Elle traîne sans gène
S'invite dans nos vies
Se cache dans nos lits
Elle ne vaut pas la peine
Qu'on l'honore
La Mort
Je sais qu'elle nous aura tous un jour
Elle connait pas la grâce, lever le pouce
Nous finirons en cendres ou en boite
Depuis la nuit des temps elle squatte
Elle est née de la vie
Et elle nourrit la terre
De nos os de poussière
pour que tourne le monde
Elle fait sa ronde
La Mort
Mais qu'elle nous laisse le temps
De vivre nos printemps
De profiter assez
De la chaleur des sentiments
Qu'elle nous laisse aimer
Et vivre nos enfants longtemps
Le temps qu'il faut
Pour être prêt
A fermer nos yeux usés.
Lulla Bell
Je vis à la colle Avec mon mec ça colle Et il adore le scotch. Lulla Bell
Je vis à la colle Avec mon mec ça colle Et il adore le scotch. Lulla Bell
Nuit noire dehors Chocolat blanc dedans Ma bouche avide de douceur. Lulla Bell
Nuit noire dehors Chocolat blanc dedans Ma bouche avide de douceur. Lulla Bell
EX FUMEUSE
On frappe l'enclume
Le fer rougit dans la forge
Dissipe les brumes
De blondes filtres dans ma gorge
Une Pall Mall je grille
Pour la nicotine à venir
Mon esprit tangue et vacille
Glisse dans mes veines un élixir
tabac goudron et arsenic
Douce drogue à douce dose
Distillé par la Seita et l'alambic
Tout en moi jusqu'à l'overdose.
Lulla Bell
Y'a des filles qui perdent des kilos comme nous des grammes Bientôt on ne les
Y'a des filles qui perdent des kilos comme nous des grammes Bientôt on ne les verra plus qu'en filigrane Sur les pages des magazines en papier glacé.
Elève
Ma sœur est institutrice
Sur le tableau avec une craie qui crisse
Elle impose chaque jour ce supplice
A ses élèves qui subissent
L'agression du bâton de craie
Qui tous les matins écrit la date
Qui tremble dans la main du gamin
Qui passe au tableau pour un exo
Tout ça parce qu'il n'y comprend rien
Au topo, à la craie, aux numéros
Alors il a des idées noires
Devant ce tableau bavard
Barbouillé de chiffres et de lettres :
Affolé, il envoie tout paître
Ses chaussures sur le parquet crissent
Les cheveux de ma sœur se hérissent.
Lulla Bell
ETRE UN HOMME
Je voudrais bien une fois être un homme
Pas un gros dur ni un bonhomme
pour me mettre parfois à la place
De ceux qui s'croient les premiers de la classe.
L'idéal serait que je sois un beau mec
Grand, hâbleur, bouche lance roquettes
Les cheveux noirs, le geste large
Et de la classe quelque soit ma tenue.
Avec moi, pas de bavardage
Je look une fille, je la lâche plus
Je l'aborde et sans raconter d'histoire
Je demande "Veux-tu coucher avec moi ce soir ?"
Là, plusieurs solutions s'imposent :
Soit, humiliée, elle prend la pose
Et répond "Je n'suis pas celle que vous croyez"
Soit elle minaude, fait semblant de réfléchir
"Mais on ne se connait pas" me dira-t-elle d'un air pincé !
Ce sont ces filles-là que j'aime bien draguer
Derrière leur air farouche se cachent de vraies excitées
Je lui souffle la fumée sur la figure
Je vois dans ses yeux qu'elle a envie que ça dure
On prend un taxi pour chez moi
Non, y 'a rien à boire, direct le lit
Et je l'effeuille jolie perle rare
Elle est encore un peu raidie
Mais...
Je voudrais bien une fois être un homme
Pour savoir comment ils fonctionnent
Pour jouir si vite et nous laisser comme des connes.
Lulla Bell
DECLARATION
Mes chers parents je vais partir
Loin de cette maison
Qui n'a jamais été un paradis
A tord ou à raison
J'ai assez étouffé de cris
Trop subi de sermons
Et j'ai bien d'autres ambitions
Qu'épouser Dieu et son église
Vous m'avez laissée grandir fermée
Comme un oiseau en cage
Et à force de m'isoler
Je suis devenue sauvage
J'ai cru tout ce que vous disiez
Mais c'était un mirage
Pas d'oasis à ma portée
Pour satisfaire mes exigences
Adolescente, j'n'ai pas été
Ignorant tout de ceux de mon âge
Leurs loisirs leur liberté
Il faillait vite tourner la page
Mes chers parents je vais partir
Loin de cette vision
Que vous avez de mon avenir
Et de toutes mes saisons
Je viens de découvrir la vie
Et quelques horizons
Dans la jungle de mes émotions
J'en ai payé le prix
J'ai découvert à mes dépens
L'homme et ses tourments
Et comme pour assouvir leur désir
J'étais devenue une martyre
Abusée par mon ignorance
On m'a violée par alternance
Souffrir au fond de mes silences
Ma première fois ce fut violence
Sale coupable et éhontée
J'ai gardé pour moi la romance
de mon hymen ensanglanté
Mes chers parents je vais partir
Loin de cette maison
Qui n'a jamais été un paradis
A tord ou à raison
J'aurais voulu vous expliquer
Vous appeler au secours
Vous dire que j'ai avorté
Et que j'y penserai toujours
Que je suis loin d'être la Sainte
Dont vous aviez tant rêvé
Mais je ne porterai pas plainte
D'avoir été mal élevée.
Lulla Bell
LES MOTS
Tu n’as pas dit les mots
Les mots que j’attendais
Des fous, tendres, acidulés
Des syllab’aux tons chauds
Tu m’as demandé de rester
De rester encor’ dans ton lit
C’est juste ta virilité
Qui avait besoin de compagnie
Tu n’as pas fait de grands sermons
Les mots d’amour sont désuets
Les tons sucrés sont juste bons
A parfumer l’églis’du quartier
Je n’ai pas eu de sérénade
Mais tu m’as joué du violon
Tu m’as conté une ballade
Même pas sous mon balcon
Tu m’appelais le samedi
Pour accompagner ta soirée
Tu m’aurais appelée « Vendredi »
Comme Robinson Crusoé
Pour te tenir compagnie
Que cela n’aurait rien changé
Tu m’as joué bien des tours
Sans baguette, sans la magie
De vilains tours de cochon
A balayer à coups de torchon
Tu n’as pas dit les mots
Les mots pour me garder
Des doux, simples à partager
Pour un long voyage en duo
Tu m’as raconté des histoires
Pas vraiment des contes de fées
Tu m’expliquais par A plus B
Que dans la vie rien ne durait
Ce qu’il me reste de nous deux
Un souvenir très vaporeux
Les draps d’un lit toujours froissés
Et nos étreintes qui s’envolaient
Dans les volutes de fumée
De tes Saint Moritz mentholées
Aventurier de l’amour déçu
Sur ton arche à jamais perdue
Les beaux je t’aime de soie dorée
Tu n’as pas su me les donner.
Lulla Bell
SORTIE DE ROUTE
Toi tu jouais de la guitare
Je peignais avec mes mains
DES FORMES bizarres
Nous nous sommes dit
Qu'à Deux
Ce serait Mieux
Ecrire l'histoire
De nos Vingt doigts
Un amour qui dure
Aventure originale
Tu m'as prise contre toi
Comme j’étais bien carrossée
Et tu aimais les belles Voitures
Les Courbes douces
Allongées
Avec du cœur
Avec du ventre
Et Qui Démarre au quart de tour
Mon corps entre
Tes Mains de coureur
J'ai Accepté l'idée
De n'être qu'un objet
De luxe Que Tu affectionnes
Le temps d'une passion
Juste quelques mots d'amour
Et Voici ma monture offrant
Ses courbures au cavalier charmant
Le corps brûlant
Comme la tôle
Métal hurlant
Tout symbole
Tu percutes la nuit
Avec ardeur, avec envie
Amour fétichiste
Je suis ta bagnole
Que tu immole
Sur l'autel de ton désir
Et la moquette
Comme le bitume
Me consume
Maïs J'aime cette
Partie de plaisir
Tu passe les vitesses
Et gémit mon moteur
Tu es sur la piste
Course au bonheur
Fugace et violent
Jusqu'au coup de frein
Dernier coup de reins
Qui éteint
Le feu en moi
Il a suffit
D'un écart de Conduite
Tu étais hors LIMITE
Et tu m'as fracassée
Pauvre tôle ondulée
Dans un fossé
Voie sans issue
Tu m'as perdue
Tu m'as dit
C'est la vie
C'est L'envie
Je veux une Maserati
Tu m'as laissée au mécano
Qui achève bien les autos.
Lulla de de Bell
Tous droits réservés.
Le 10/07/2014